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De nouveaux horizons pour un fabricant de « poussières intelligentes » grâce au Programme canadien de l’innovation à l’international

Entreprendre des projets de recherche et développement industriel avec un partenaire étranger peut procurer une précieuse expertise et donner accès à de vastes marchés, mais cela comporte son lot de défis. Lorsque la société EPIC Semiconductors Inc. de Vancouver a décidé de faire équipe avec une entreprise de l’Inde pour fabriquer un cathéter à ballonnet « intelligent » qui sera utilisé pour des interventions cardiovasculaires, elle a obtenu le soutien du Service des délégués commerciaux (SDC) du Canada et de son Programme canadien de l’innovation à l’international (PCII).

Le PCII est géré en collaboration avec le Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada (PARI CNRC) et aide les petites et moyennes entreprises (PME) canadiennes à conclure des partenariats internationaux en recherche et développement (R‑D).

Un produit unique et novateur

Linda Zadeh
Linda Zadeh, fondatrice et PDG de la société EPIC Semiconductors Inc.
Photo : Tuti Tavakoli

EPIC fabrique des micropuces de la taille d’un grain de poussière, dotées d’un processeur à intelligence artificielle et capables de communiquer sans fil en consommant très peu d’énergie. Grâce à leurs remarquables caractéristiques, ces puces microscopiques à capteur et à intelligence artificielle peuvent être intégrées à une variété d’usages ou de produits allant de chaussures de sport jusqu’à des technologies de fabrication de pointe et à des dispositifs implantés dans le corps humain.

Lorsque l’entreprise a été sélectionnée pour participer à une mission commerciale du PCII en Inde en 2018, elle a cherché dans ce pays les possibilités de partenariat pour l’utilisation de son produit – et elle n’a pas été déçue.

« Nous avons un produit unique, et maintenant de nouveaux horizons s’ouvrent à nous », déclare Linda Zadeh, fondatrice et PDG de la société EPIC, qui mène actuellement un projet conjoint de recherche avec Sahajanand Laser Technology Ltd. (SLTL), un fabricant de dispositifs médicaux du Gujarat, en Inde.

Mme Zadeh, qui a quitté l’Iran pour immigrer au Canada il y a 20 ans, qui se passionne pour les mathématiques et l’ingénierie et qui aime « être à l’avant‑garde de la technologie », a eu l’idée de ce qu’elle appelle les « poussières intelligentes » en 2008. Elle venait d’obtenir une maîtrise en génie biomédical de l’Université Simon‑Fraser et participait à l’événement NextFest organisé par le magazine Wired à Los Angeles. Ses recherches sur un moniteur cardiaque sans contact à haute fréquence figuraient parmi les projets présentés dans le cadre de cet événement, mais les technologies à basse fréquence qui y étaient aussi présentées ont retenu son attention. Elle eut l’idée d’intégrer à des objets courants des micropuces en silicium de faible puissance — qui peuvent être produites à un prix abordable et peuvent tout détecter, depuis les gestes humains jusqu’aux forces physiques et aux réactions chimiques. « Cette technologie nous permet de réaliser le rêve de tout rendre intelligent », explique‑t‑elle.

En 2008, Mme Zadeh a fondé EPIC, qui signifie « electric‑field powered integrated circuits » (circuits intégrés alimentés par champs électriques). Aujourd’hui, cette PME privée détient 19 brevets pour sa technologie de base et elle a investi plus de 15 millions de dollars. Elle emploie 15 personnes et déploie ses projets non seulement en Inde, mais aussi aux États‑Unis, en Italie, en Allemagne, au Royaume‑Uni et en Suède.

Le fait que les puces soient alimentées et commandées par des champs électriques externes permet de les utiliser dans des appareils médicaux sans que ceux‑ci émettent de micro‑ondes nuisibles aux tissus. Puisque ces puces émettent un rayonnement négligeable, elles n’interfèrent pas entre elles ni avec d’autres dispositifs externes, explique Mme Zadeh, si bien qu’on peut les regrouper en grand nombre (par centaines, voire par milliers) dans des applications d’Internet des objets.

Établir les bons contacts

En 2018, EPIC a participé à l’activité d’établissement de partenariats (AEP) du PCII à Mumbai et Bengaluru (Bangalore) pour trouver des entreprises indiennes susceptibles d’utiliser ses puces à intelligence artificielle; c’est ce qui lui a permis de découvrir SLTL. Les délégués commerciaux sur place n’ont pas ménagé leurs efforts pour organiser des séances de jumelage qui « ont attiré la crème de la crème », se souvient Mme Zadeh, qui a d’ailleurs rencontré une centaine de partenaires potentiels. De retour au Canada après l’AEP, elle a effectué un suivi auprès des entreprises qui répondaient le mieux à ses critères. « Il nous fallait un partenaire qui avait ce que nous n’avions pas », explique Mme Zadeh. Par exemple, alors que son entreprise pouvait s’occuper de la conception et de la fabrication des puces, l’entreprise partenaire devait les intégrer dans un dispositif et s’occuper de la certification et de l’approbation. Il s’agit d’un processus long et coûteux qui nécessite le type de plateforme d’essai perfectionnée dont dispose SLTL.

Les deux entreprises avaient trouvé le partenaire idéal. SLTL intégrerait la puce d’EPIC dans les cathéters à ballonnet et les endoprothèses qu’elle fabrique pour sonder et ouvrir les vaisseaux sanguins. Le capteur perfectionné donne à ces appareils une précision sans précédent et leur permet de délimiter et de transmettre leur position exacte pendant les interventions, comme l’explique Mme Zadeh. Il peut être utilisé pour détecter et prévenir les caillots sanguins ou pour vérifier la présence de maladies à transmission par les cellules dans le cas d’applications de pointe.

Les délégués commerciaux sur place ont visité l’entreprise indienne au nom d’EPIC et lui ont donné de nombreux conseils. Selon Mme Zadeh, « l’équipe du SDC en Inde est très active; une telle collaboration n’aurait pas été possible sans leur soutien. Ce sont des experts de ces marchés, et ils travaillent fort pour assurer le succès des entreprises canadiennes. »

De son côté, SLTL a obtenu un soutien financier de la Global Innovation & Technology Alliance, une organisation indienne qui promeut les partenariats internationaux en R‑D, tout comme EPIC a reçu du financement du PCII.

Ce projet de deux ans est actuellement à mi‑parcours. Les puces ont été fabriquées, et Mme Zadeh s’attend à ce que les produits soient fabriqués et approuvés au cours des prochains mois, puis mis sur le marché. Elle prévoit des ventes importantes de cathéters à ballonnet et d’endoprothèses « intelligents » qui commenceront en Inde, où de tels dispositifs pourraient être utilisés pour les quelque 10 millions d’interventions que subissent chaque année des personnes atteintes de maladies cardiovasculaires.

Explorer les possibilités de croissance à l’échelle internationale

De nombreuses PME canadiennes n’osent pas faire des affaires en Inde, reconnaît MmeZadeh, mais le marché indien a d’énormes besoins et possède une vaste expertise en matière de technologie. Elle conseille aux entreprises comme la sienne d’avoir l’esprit ouvert, de protéger leur propriété intellectuelle, de profiter des programmes de soutien et de demander conseil au SDC.

Selon Alexis Roy, qui gère le PCII au SDC, en participant au programme, EPIC « établit dans ce marché des relations » qui l’aideront à l’avenir.

« Ils vont de l’avant », dit‑il, et il souligne qu’EPIC connaît beaucoup de succès en utilisant le SDC de manière stratégique.

Mme Zadeh est reconnaissante aux délégués commerciaux de leur aide : « Ils nous ont mis en contact avec de bons partenaires technologiques. » Elle profite d’autres initiatives du SDC. Ainsi, EPIC a récemment participé à une AEP tenue virtuellement en Inde sur la fabrication de pointe. L’entreprise participe également à une initiative d’accélérateur en mode virtuel qui est organisée par le SDC à Chicago sur les technologies de l’Internet des objets. EPIC a également reçu un financement du programme CanExport du SDC pour l’expansion de son marché.

La pandémie de COVID‑19 rend difficiles les activités qui nécessitent des déplacements, mais l’entreprise en profite pour se concentrer sur la fabrication : « une fois les restrictions levées, nous serons prêts, ajoute Mme Zadeh. Nous trouvons des débouchés comme jamais auparavant ».

Soutien du SDC

Le Service des délégués commerciaux aide les entreprises canadiennes à se développer en les mettant en contact avec ses programmes de financement et de soutien, ses débouchés internationaux et son réseau de délégués commerciaux dans plus de 160 villes à travers le monde.

Voici des moyens de faire croître votre entreprise innovatrice sur les marchés internationaux :

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